La tribune
Par Monique Sassier, Présidente de la fondation AUTONOMIARésoudre la crise de liens, une priorité pour la régulation de conflits
Ce qu’on appelle « crise des liens » traduit le plus souvent un conflit non résolu entre des personnes, entre des professionnels, entre des groupes de pensée, entre des générations parfois. Dans les situations les plus graves, une telle crise peut conduire à des phénomènes de violence.
La Fondation AUTONOMIA a fait ce constat à de nombreuses reprises. Aussi, avons-nous choisi de soute-nir une initiative originale d’analyse et de résolution des conflits : un dispositif d’évaluation des situations relationnelles sensibles, tout particulièrement en établissements et services médico-sociaux. Le « Disposi-tif d’évaluation de situations relationnelles sensibles » est mis en œuvre par le Centre de la Famille et de la Médiation et le Centre Régional d’Information pour l’Agir Solidaire de Lyon.
Visant expressément des situations de tension, de blocages, le plus souvent entre la famille et le résidant, entre lui et les professionnels, ou même entre professionnels, le dispositif a pour objet, à l’issue du temps de concertation, de proposer des réponses opérationnelles pour que le débat s’organise et permette d’élaborer des solutions. Les voies de sortie du conflit peuvent alors être clairement identifiées, et partagées.
Dans le cadre de la relation d’accompagnement et de soin d’une personne vulnérable, du fait de son état de santé ou d’une situation de handicap, les professionnels sont parfois aux prises avec des situations de tension ou de conflit. Il peut s’agir, par exemple, d’une difficulté persistante pour clarifier et régler les frais de prise en charge du résident, ou encore d’une famille qui ne comprend pas le fonctionnement d’un service.
Les deux associations promeuvent l’accord, le compromis, pour éviter l’affrontement, et la résolution des conflits pour éviter le risque de retours violents, hélas si souvent constaté. Le dispositif est confidentiel, mené par deux médiateurs familiaux, professionnels formés à la résolution de conflit, qui y veillent. Et rapide, c’est un temps de concertation de 1h30 à 2h entre les personnes concernées. Et les réponses sont évidemment diverses. Que ce soit avec une réponse locale d’apaisement par l’aménagement de la gestion des intervenants, avec l’appel à des services médico-sociaux externes à l’établissement, ou encore avec la mise en place d’un processus de médiation familiale à part entière qui associera le résident, ses proches et l’établissement…
On le devine ici : l’autonomie se construit, elle ne se décide pas ni ne s’impose. Elle implique un partage des atouts et des contraintes. Elle recherche l’acceptable pour chacun et suppose l’engagement de tous.
Pour la conforter, le partage de valeurs est clé : il s’agit que chacun prenne en compte la parole d’un autre, qu’une même vision humaniste puisse servir de guide. Et une aide est parfois la bienvenue pour faire comprendre à quel point l’autonomie est importante et combien nous lui sommes redevables.
L’autonomie s’acquiert aussi, telle cette personne handicapée qui me disait, « je suis dépendant et auto-nome ». Être autonome est à la fois un fait et une construction, tout au long de la vie.